Loin du vide... (Pv Slym)

Dans la prairie, une jeune fille était couchée, ses yeux bleus brillant d’émerveillement face à ce spectacle qu’elle avait si souvent admiré… Des centaines de lucioles, pour ne pas dire des milliers, volaient doucement tout autour d’elle, petites lumières dansant dans les ténèbres de la nuit. Les brins d’herbes effleuraient doucement ses jambes, poussés par une fraîche brise, déclenchant quelques frissons. Il n’y avait pas un seul bruit autour… Que les battements de son cœur épuisé et son souffle délicat… Un silence presque parfait.

L’elfe avait lentement levé son bras, tendant sa main pour qu’une luciole vienne s’y poser et la ramena doucement à elle pour observer cette minuscule étoile vivante, s’émerveillant de la voir s’envoler pour rejoindre les autres dans l’une des innombrables constellations. Elle se souvenait des longs moments qu’elle avait passé à regarder ces jolies lucioles… Elle se rappelait quand elle avait emmené Myaku avec elle. La petite essayait désespérément d’attraper ces petites boules lumineuses. Si Kuro était là en ce moment, c’était en partie à cause de Myaku. Du moins, à cause de son absence… La maison lui paraissait tellement grande et vide maintenant qu’elle y était seule. C’en était même devenu insupportable.

La jeune fille avait passé un bon moment à voyager entre les mondes, cherchant inconsciemment quelque chose pour combler ce vide immense qui s’était creusé dans sa vie. Et peut-être qu’elle espérait, sans vraiment le réaliser, croiser ces êtres chers qui lui avaient été si cruellement arrachés… Après tout, ce n’était que d’espoir qu’elle vivait.

Alors qu’elle parcourait ses souvenirs, se plongeait dans ses pensées, épuisée, l’elfe commençait à s’assoupir. Ses yeux se fermaient peu à peu, ses paupières étant devenues beaucoup trop lourdes… Sa tête tomba doucement sur le côté. Et voilà qu’elle avait sombré dans un sommeil profond, bercée par les dernières images qu’elle avait vues. Les lucioles.

Il faisait nuit ; et la lune, fine et pâle croissant voilé par de poudreux nuages, se dissimulait comme si elle avait craint une présence funeste.

Une silhouette progressait dans l'obscurité, ombre parmi les ombres, au rythme fluide et ininterrompu qu'emploient les fantômes qui parcourent les bois de leur démarche glissante. Celui qui se coulait parmi les arbres n'était pas un fantôme, mais un être damné au coeur éternellement figé, cristallisé au sein d'une poitrine blanche comme la craie, dure comme la pierre ; marmoréenne. Seul la pâleur fracturée de ses traits dévorés par des mèches couleurs d'obscurité ressortait dans la nuit, traînée crayeuse sertie de rubis étincelants. Sa cape bruissait faiblement, l'air qu'elle soulevait s'engouffrant passionnément dans les déchirure du tissus.

Soudain le vampire s'arrêta, dans le seul son d'un froissement de velours. Ses canines étincelèrent alors que ses lèvres se retroussaient en un rictus affamé, avide de la carnation d'un rouge amarante. L'immortel ferma les yeux, écoutant la nuit qui lui soufflait doucement à l'oreille une mélopée charriant de douloureux secrets. Soudain, une respiration se fit entendre. Rauque, essoufflée, humaine. La prédateur n'esquissait pas un geste, immobile, silencieux ; alors que le souffle se rapprochait, le sien s'éteignit peu à peu. Et dans son esprit aussi sombre que l'univers qui l'entourait et dans lequel il se fondait avec l'aisance d'une plume emportée par le vent, rien ne compta plus qu'un battement imparfaitement régulier qui emplit son âme jusqu'à ne faire qu'un avec elle. La pulsation gagna en intensité, et Slym, en symbiose avec ce qui l'entourait, rouvrit les yeux et se glissa entre les troncs qui le dissimulaient.
Un jeune homme marchait, une pomme à demi dévorée à la main, ses courts cheveux blonds se découpant sous la pâle et diffuse clarté de la lune. Le vampire le vit se diriger vers lui, et vint lui-même à sa rencontre. Il aurait pu se rendre invisible pour s'approcher plus près, se coller juste en face jusqu'à frôler l'humain du plat de la poitrine, sans couleur, sans reflet pour une quelconque créature. Mais non. Il n'avait pas besoin d'user de ses pouvoirs pour être parfaitement silencieux, incroyablement rapide, extraordinairement précis. Pour être lui ; profondément vampire. Car malgré sa profonde répugnance pour l'être qu'il était devenu, il y avait tant d'années de cela, il avait été contraint d'accepter sa nouvelle nature. De revêtir le masque du damné. De s'accommoder à ses nouveaux pouvoirs. Et par dessus tout, à la perpétuelle souffrance qui le torturait sans trêve.

Le jeune homme sursauta, la surprise s'afficha sur son visage angélique, alors qu'un être pâle comme la mort se matérialisait juste devant lui. Expression bientôt remplacée par une frayeur totale lorsqu'il découvrit les canines pareilles à des lames immaculées qui luisaient dans l'obscurité. Il n'eut même pas le temps de hurler alors qu'un doigt se plantait profondément dans sa gorge, traversant la trachée, déchirant les tissus. Dans un répugnant bruit de succion, Slym retira son doigt. Le sang gicla alors qu'il s'était déjà éclipsé, derrière sa victime, la maintenant à présent par les épaules. Nichant la tête dans le creux de son cou, le vampire, prenant garde à ne pas s'inonder d'hémoglobine, intercepta le flux au moment où il commençait à couler, et, yeux fermés, commença son festin.

Dans ses bras à présent étroitement serrés autour de sa poitrine, la créature blonde se débattait faiblement, agité de quelques spasmes dont l'intensité s'amenuisait à mesure qu'il se vidait de son liquide vital. Le vampire, la main droite flottant dans l'air comme s'il méditait, usait de son contrôle du sang pour modérer la pression de celui qui s'échappait de la profonde blessure, insensible aux râles d'agonie du mourant qui avait posé ses doigts sur les poignets de son assassin. Ce dernier releva soudainement la tête, et un horrible borborygme sortir de la gorge en sang du jeune homme, alors que sa gorge se déchirait sur la droite sous toute la longueur de la canine que Slym avait laissé dans la chair.

"Hurle, mon joli..."

Slym passa la langue sur la blessure, enduisant son menton et le bout de son nez de sang délicieusement tiède. Un nouveau borborygme doublé d'un gémissement déchirant fusa dans la nuit alors que le vampire enfonçait ses ongles le long de la blessure sanguinolente, creusant, arrachant la chair du bout de ses doigts aussi fins que ceux d'une femme. Il avait relevé la tête pour poser doucement ses lèvres sur la pomette du jeune homme qui ne cessait d'agiter son corps contracté, s'étouffant avec le flux de son propre sang, torturé par la main dévastatrice de l'immortel qui se jouait de lui, un sourire machiavélique aux lèvres.

Slym se sentait envahi par un puissant désir, serré contre ce corps si délicieux, les doigts déchirant, pinçant, malaxant à présent l'intérieur de la gorge de l'être qui s'était évanoui, en proie à une souffrance insoutenable.

"Tu as tenu plus longtemps que je n'osais l'espérer" lui souffla-t-il alors qu'il retirait les doigts de la boucherie qu'il avait créée sous le menton du futur cadavre.

Il se recula, l'adossant contre le tronc rugueux d'un arbre au pied duquel il s'affala, retenu au dernier moment dans la position assise par le vampire qui s'aacroupit, juste devant lui, pour contempler son visage. Ainsi inconscient, au bord du gouffre de la mort, son visage dont la fraîcheur était encore toute présente, s'offraient au prédateur comme une rose sans parfum offre ses doux pétales. Il ressemblait à ces jeunes gens androgynes des peintures de Michel-Ange, ses traits lisses et pâles embellis par un morbide attrait. SLym effleura ses lèvres humides du bout des siennes, laissant une trace rouge sombre sur le visage légèrement crispé.

Son coeur ne s'était pas encore arrêté. Slym souriait dans l'ombre, ses gencives rougeâtres imprégnées d'un sang qui avait rosi ses dents. S'essuyant la bouche d'un revers de main fluide, il se releva soudain et décocha un violent coup de pied à celui qui tardait à s'embourber dans les marécages de la mort. Son geste n'avait duré qu'une fraction de seconde, et une autre suffit pour que ce qui ressemblait à un cadavre fût réduit en tas de chair informe, baignant dans une mare sombre. Répugnante créature enfin réduite à l'état qui la trahissait le mieux. Il ne méritait sans aucun doute pas d'être si beau. Ainsi, mutilé de partout, plus rien ne pouvait cacher le ridicule de son âme.

Slym ramassa sa cape et partit, un sourire sadique flottant sur ses lèvres pourprées. La conscience de la trouble et malsaine constitution de son âme s'était estompée au fur et à mesure qu'il sentait monter la souffrance de sa victime, quelques instants plus tôt. Peu à peu, il était parvenu à oublier que c'était son propre dégoût de lui-même qui lui donnait, au fond de lui, tant de plaisir à sentir les veines palpiter, affolées, sous la peau de ceux qu'il mutilait sans restrictions, selon son originalité.

Alors qu'il fendait l'obscurité en lui montrant les crocs, il fut soudain heurté de plein fouet par des centaines de points lumineux qui s'crasèrent contre son visage, tel des dizaines d'aiguilles s'enfonçant dans sa chair. Surpris, il stoppa net sa course, s'agenouillant à terre pour porter les mains à son visage. Lorsqu'il se rendit compte qu'il tenait au creux de son poing quelques instectes assomés, il ouvrit les doigts pour les laisser partir, non sans une grimace de dégoût.

Slym ouvrit des yeux ronds lorsqu'il réalisa la splendeur de ce qui l'entourait. Des milliers d'insectes volaient indolement dans l'air, décrivant lentement des trajectoires courbes au sein d'une obscurité qu'ils troublaient de leur pâle luminosité. Pourtant, la féérie de l'endroit lui apparut comme une impressionante originalité, et il ne fut pas sensible à la beauté qui se dégageait du lieu. Il allait le traverser d'une lente démarche, géné dans sa course par les milliers de lucioles qui fouettaient son visage, lorsqu'il aperçut non loin de là une forme étendue dans l'herbe. Au loin, l'orée du bois formait une lugubre couverture dont les feuillages bruissaient.

*Waw... Elle est...*

Magnifique ? Oh, non. Mieux que cela. elle n'était pas une de ces quelconques demoiselles aux traits trop parfaits et à la silhouette agréable ; elle dégageait, autant qu'une fragilité et une grâce certaine, une puissance et une aura surprenante, comme si, dans la douceur de son sommeil, son corps n'était pas celui d'une personne insignifiante. Slym se mordit la lèvre inférieure alors qu'il se penchait, et, saisissant son poignard, traça une fine escarmouche du fil de sa lame affutée. Il parcourut du bout de la langue l'estafilade sanglante, savourant de tout son être damné le goût du sang de cette merveilleuse créature. Il n'avait jamais vu de chevelure aussi splendide que celle qui, d'un profond azur, s'étalait irrégulièrement dans l'herbe en un labyrinthe céruléen. Fascinant.

Prenant soin de ne pas la réveiller, il inspira aussi doucement que profondément le parfum ennivrant qui s'échappait de la gorge de l'elfe endormie là, allongée dans toute la vulnérabilité du sommeil... N'y tenant plus, il saisit doucement le bras de la jeune femme et planta ses crocs dans le tendre de son bras, juste au dessus du coude. Un délice sucré, terriblement sucré, a l'acidulé tiède et lourd d'hémoglobine, intense de goût, enivrant de parfum.

[Le mot pouilleux est à bannir, quoique tu dises de mon avatar, jeune femme xD. Bien à toi ; Slym.]

(Vengeance! xD 'fin bon, si jamais tu veux que je change un truc, tu n'auras qu'à me le demander.)

Dans l’inconscience du sommeil, Kuro n’avait pas réalisé ce qui se passait, ce qui lui arrivait. Elle était plongée dans un rêve qui bientôt n’en serait plus un. Ils étaient là, tous sans exception, ces êtres chers qu’elle avait perdus, que la mort ou la vie lui avaient arrachés. Ses parents, ses amis, sa fille et son aimé… Elle pouvait sentir leurs présences, leur amour. Au loin, elle pouvait même voir leurs silhouettes. Elle avançait, encore et encore, marchant. Elle accéléra la cadence pour finalement se mettre à courir vers eux. Ils se rapprochaient et, maintenant, elle arrivait à voir leurs visages souriant. Lorsqu’elle arriva à leur hauteur, épuisée par sa course, leurs sourires s’étaient éteints. Leurs regards chaleureux étaient devenus haineux…

La petite Myaku s’était approchée d’elle, sa main dans celle de Darren. Tous deux la regardaient, hostiles. Elle en fut d’ailleurs plutôt déstabilisée. Kuro ne comprenait pas ce qui se passait, pourquoi ils la regardaient de la sorte. Que leur avait-elle fait? Il y avait quelques instants à peine, ils lui souriaient et maintenant… C’est alors que le vampire pris la parole.

"Tu es pitoyable Kuro Nolwenn… À quoi pensais-tu quand tu m’as ramené chez toi? Que je resterais avec toi pour toujours? Que je serais ton gentil petit chien-chien? Que je comblerais le manque qu’a causé la perte de ton pauvre amour perdu?"
"Non! Je…"
"Et Myaku… Cette pauvre gamine. Tu l’as fait souffrir bien plus que quiconque n’aurait pu le faire. Pendant que tu t’apitoyais sur ton sort, elle, elle essayait tant bien que mal d’obtenir un peu d’attention. Tu l’as lâchement abandonnée et tu n’as rien fait pour les empêcher de te l’enlever."
"C’est faux! J’ai essayé de faire ce qu’il y avait de mieux pour elle!"
"Tu ne pensais qu’à toi."
"Non…"
"Je te déteste!" avait hurlé la fillette.

L’elfe essayait de retenir ses larmes du mieux qu’elle le pouvait. Elle refusait de pleurer, elle ne voulait pas… Mais ces paroles… Elles étaient si horribles! Chaque mot était un poignard qui s’enfonçait dans son cœur déjà meurtri. Les dires de Myaku avaient été particulièrement douloureux… Alors que ses yeux s’embrouillaient, le jeune homme et la fillette s’étaient estompés pour finalement disparaître complètement alors que les derniers mots de Myaku résonnaient encore.

Ce fut au tour de Cyril de s’avancer vers Kuro qui, maintenant, était légèrement tremblante. Elle était sous le choc. La jeune fille regardait celui qu’elle aimait avec un regard suppliant. Elle ne voulait pas que lui aussi lui dise de telles choses… Elle ne s’en remettrait pas, elle ne pourrait pas le supporter. Après s’être approché d’elle, il l’avait serré dans ses bras. Au début, elle avait été plutôt surprise, mais soulagée. Cependant, après un moment, il avait commencé à lui murmurer des atrocités à l’oreille.

"Tu es encore seule… et avec raison. Tous les gens qui s’approchent de toi finissent par souffrir par ta faute. Ils ne méritent pas ça… Je ne méritais pas ça. Si je suis mort, c’est de ta faute."
"Cesse, je t’en supplie…"
"Tu ne m’as pas empêcher de partir ce soir là… et Darren m’a attaqué à cause de toi. Tout est toujours de ta faute. La seule chose que tu arrives à faire, c’est semer le malheur autour de toi."
"Laisse-moi, s’il te plaît…"
"Tu as été incapable de sauver les êtres qui comptaient pour toi. Tu les as tous laissés mourir… Tu es celle qui aurait dû périr à leur place, à la mienne."

Kuro avait désespérément essayé de le repousser, mais rien à faire. Pendant qu’il continuait de parler, il la serrait fermement dans ses bras et elle ne pouvait fuir son étreinte. Cette fois, ce fut plus fort qu’elle. Elle se mit à pleurer. C’est alors qu’enfin, Cyril la libéra et recula, un sourire cruel aux lèvres…

"Tu ne mérite pas d’être aimée."

Sur ce, il s’était consumé, accompagné par tous les amis qu’avait pu perdre la jeune fille au cours de son existence. À présent, il ne restait que deux personnes… Sa mère et son père… Ce dernier s’était approché d’elle. Dans ses yeux, tout ce qu’elle pouvait lire, c’était une immense déception. Il hochait doucement la tête en la regardant.

"J’avais espoir que tu deviendrais quelqu’un de bien, comme ta mère… J’étais seul à prendre soin de toi, et malgré les railleries de mes semblables, je t’ai gardée. Je t’ai tout appris!"
"Je… Je sais Papa…"
"J’ai fait de mon mieux pour te donner ce qu’il y avait de meilleur, et voilà ce que tu es devenue… J’ai tellement honte, ma fille, tellement honte… Je t’ai tout donné, et toi, tu m’as remercié en me soutirant la vie…"
"Non! Je… Je ne voulais pas! Je…"
"Tu as donné le coup de grâce à mon cœur déjà si fragile et tu t’es enfuie comme une voleuse! Voilà ce que tu as fait!"
"Je suis désolée!"
"Et comme si ce n’était pas assez, tu m’as arraché celle que j’aimais…"
"Papa, je…"
"J’aurais préféré que tu ne sois jamais née!"

Sur ce, Kuro tomba à genoux au sol, pliée en deux, comme si on lui avait donné un violent coup de poing au ventre. Sa respiration se fit de plus en plus difficile. Comment avait-il pu lui dire une telle chose? Pourquoi…? Lorsqu’elle réussit à relever la tête, il avait disparu. Il ne restait maintenant plus que sa mère… Elle était exactement comme son père le lui avait dit. Belenia Nolwenn, resplendissante jeune femme à la longue chevelure azur, au traits délicats et aux oreilles d’elfe. Elle lui ressemblait, mais Kuro était loin d’égaler sa beauté… Au début, la jeune femme s’était agenouillée près de sa fille et s’était mise à caresser sa chevelure en fredonnant de sa voix douce et mélodieuse. Après un moment, elle s’arrêta et se releva. Elle tendit alors la main. Kuro, après quelques secondes d’hésitation, avait finalement essayé d’attraper sa main, mais n’y parvint pas. Au même moment, un hurlement douloureux brisa le silence. Le visage de Belenia avait été déformé par la souffrance et du sang avait commencé à tacher sa belle robe blanche. La jeune fille avait sursauter et observait avec horreur la scène qui se déroulait devant ses yeux, tremblant de tout son corps. Sa mère s’écroula au sol et commença à pourrir à une grande vitesse pour finalement se transformer tas d’ossements.

L’elfe se mit à hurler comme elle ne l’avait jamais fait. Une douleur vive à sa poitrine la fit taire. Elle avait l’impression qu’une lame brûlante s’y était enfoncé et que quelqu’un la faisait tourner encore et encore. La douleur finit par envelopper tout son être, feu liquide parcourant ses veines… La souffrance devint tellement insupportable qu’elle finit par s’écrouler. Tout devint noir et silencieux, puis ce fut le réveil brutal.

Ouvrant soudainement les yeux, la première chose qu’elle remarqua, c’est le ciel, les lucioles… Elle réalisa alors que tout ça n’avait été qu’un cauchemar. Un simple et horrible cauchemar… Ensuite, elle pris conscience d’une douleur vive au niveau de son cou, et une à son bras. Quelque chose retenait fermement ce dernier… C’est alors qu’elle baissa les yeux et aperçu cet être pâle (et pouilleux xD) à la longue chevelure sombre en train d’aspirer son sang. Son cœur s’était soudainement accéléré dans sa poitrine, luttant désespérément. Prise de panique, Kuro avait violemment repoussé cette créature qui la vidait de son sang. Elle avait réussit à libérer son bras et s’était rapidement levée. C’est alors que tout sembla tourner autour d’elle. Depuis combien de temps dormait-elle? Et buvait-il son sang depuis longtemps? Comment avait-elle pu ne pas le réaliser?

Après avoir reculé de quelques pas, ses jambes avaient cédés et elle s’était écroulée dans l’herbe. Elle avait du mal à respirer, les battements de son cœur étaient devenus irréguliers et elle se sentait étrangement faible et fatiguée. Visiblement, il avait amplement eu le temps de la vider d’une quantité importante de son sang… Elle sentait qu’elle aurait du mal à se battre, mais elle le ferait jusqu’à ce qu’elle n’en ait plus la force s’il le fallait.

"Mon heure n’est pas venue…" avait-elle soufflé.

Lentement, elle s’était relevée, dégainant son épée. Elle essayait tant bien que mal de rester debout. Assise, elle aurait du mal à se défendre. Et puis, elle ne semblerait pas très menaçante ainsi.

"Ne m’approche pas!" lui avait-elle crié.

La jeune fille fut surprise que sa voix ait été aussi forte. Elle avait craint qu’elle ne s’éteigne avant même d’avoir été entendue. Elle avait alors fendu l’air de sa lame à une grande vitesse pour décourager la créature.

"Ne fais pas un pas de plus, ou bien je… je…"

C’est alors que tout redevint flou et qu’elle planta la lame de son épée dans le sol pour ne pas tomber. Sa main lâcha le manche et elle s’écroula pour de bon, inconsciente.

[Pas le temps de me relire. Tu pardonneras les maladresses.]

You can't get enough.
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Au beau milieu d'une praire aux mille fragments de lumière brisée, un immortel était penché sur sa proie. Son repas. Un met de choix au sang enivrant,au parfum envoûtant et aux lignes tellement attirantes... Le coeur de Slym, creusé, évidé par le néant de la damnation, était sorti de sa douce léthargie pour venir calquer son rythme sur celui à qui il soutirait peu à peu du sang, se délectant de chaque goutte qui tiédissait ses lèvres, caressait son palais, coulait dans sa gorge. Il pouvait sentir derrière ses paupières closes le parcours qu'empreintait ce doux liquide dans chacune des artères d'un corps qu'il sentait vivre contre lui, sous ses fins doigts cadavériques et sa paume soyeuse. Il pouvait retracer le trajet que suivait la splendeur de l'écarlate au travers de centaines de chemins longitudinaux qui couraient sous l'enveloppe nacrée de la peau de la jeune femme. Et dans sa propre carcasse, son propre amas de chair et d'osque les années dégradaient peu à peu de l'intérieur, résonnait ce battement irrégulier qui le faisait contracter légèrement les muscles, envahi par un plaisir trouble, une diffuse jubilation.

Boire. Encore et encore, jusqu'à se laisser submerger par le délice d'un festin si troublant, jusqu'à se laisser envahir par une soif d'une douloureuse, cruelle, impitoyable violence. Impossible à étancher. Tu n'auras jamais assez. Jamais.

Slym sentait les propres tressaillements de la jeune femme dont il attendait d'une seconde a l'autre le réveil. Calme, patient, serein en apparence, avide, fébrile, passionnel à l'intérieur, il se fondait de toute son âme dans la vie de l'elfe, plongeant son être dans une existence délicieusement mortelle. Boire. Encore et encore. S'emplir jusqu'à s'en étouffer, déborder de toutes parts de ce liquide à la traître épaisseur. Jusqu'à ce que de tous les pores inexistants de sa peau d'immortel, s'écoule des sillons écarlates dont viendraient se repaître les insectes des lieux. Jusqu'à satisfaire ce désir inassouvissable. Jusqu'à la fin. Sa fin.
Jamais.
Le tambour de son coeur s'affola soudain, et le vampire sut que le sommeil de l'elfe touchait à sa fin. Qu'elle ne tarderait pas à ouvrir les yeux. Et à l'apercevoir, ainsi penchée sur elle, les canines plantée dans sa tendre chair.

Tu ne peux et ne pourras jamais être satisfait. Il te faudra plus, toujours plus ; jusqu'à ce que la limite de l'épuisement corrode tes forces, paralyse tes membres.

Elle ouvrit les yeux, et il continua d'aspirer ce qui bouillonnait en lui, couleur de ses propres yeux. Rouge sombre. Profonds. Intenses. Ces yeux qu'il leva enfin vers elle lorsqu'il fut projeté en arrière, n'ayant pas réagi alors qu'il heurtait sans bruit la terre tendre, en appui sur une jambe, genou fléchi à l'extrême jusqu'à toucher sol.
Il la contempla d'un air impassible se relever vivement, tandis que lui même se redressait à demi, le bout de ses doigts effleurant le sol.Un pas, deux pas... Tombe.

"Mon heure n’est pas venue…"

Slym ne répondit pas. Il n'ouvrait la bouche que pour souffler ce qu'il désirait dire, rarement pour réagir à une déclaration, jamais pour céder à une injonction. Il se contentait d'ignorer ostensiblement, enregistrant calmement les paroles dans un coin de son esprit. Méthodiquement. Gaspiller sa salive n'était pas utile. Parler lorsque rien ne le nécessitait engendrait une perte de concentration qui, même extrêmement infime, pouvait, dans une situation délicate, faire la différence. Le souvenir d'un affrontement avec une louve le fit sourire intérieurement. "Tu parles trop" lui avait-il déclaré, après de longues minutes d'un combat cruel et sans répit où il n'avait pas une fois desserré les lèvres. Il avait planté ses crocs dans les muscles ; le sang avait imbibé l'épaisse fourrure. Fin du combat. Terme d'une vie. Sourire satisfait.
Le vampire l'avait observée se relever ; souple, agile, mais maladroite. Preste, fugace, mais affaiblie. Elle était rapide, même si l'anémie ralentissait son organisme et ses réflexes. Le contraste était saisissant. L'opposition flagrante. Et sa pâleur ne faisait que sublimer ses traits, renforcés par la pureté de sa chevelure saphir.

"Ne m’approche pas!"

Silence, à nouveau. Mais un mince sourire s'était dessiné sur les lèvres du vampire, qui, s'étant relevé, se tenait droit comme un "i" à trois mètres de la jeune femme. En l'instant d'une fraction de seconde, il passe d'une immobilité parfaite à une fugace esquive. D'un bond, il s'était effacé loin de la lame qui avait fendu l'air a une vitesse et une précision impressionnante. Une question se présenta dans l'esprit du vampire : s'il avait réellement été la cible de l'arme, aurait-il été touché ? Impossible à déterminer. Trop tard, à présent.

Elle manquait d'une quantité considérable de sang, et était parvenue à se relever. Slym, sans montrer ne serait-ce qu'une esquisse d'admiration, était surpris. L'elfe était étonnamment résistante. Restait à savoir combien de temps elle allait tenir. Il esquissa un pas.

"Ne fais pas un pas de plus, ou bien je… je…"

Sa voix avait raisonné haut et fort, claire, assurée... menaçante. Délicieux. Tout à coup, aussi vite qu'elle s'était animée, elle s'effondra.Totalement. Les traits du vampire se teintèrent cette fois-ci d'étonnement. Mais elle ne put voir ce changement d'expression, car elle gisait au sol, inconsciente. Vulnérable.Pas plus qu'elle n'entendit la douce et enjôleuse voix de l'immortel, dont les tons graves vibrèrent dans l'air frais de la nuit.

"Ou bien quoi ? Qu'aurais-tu fait, ma jolie ? Dis-moi..."

Il s'accroupit doucement aux côtés de Kuro et effleura le galbe des joues délicates du bout de ses lisses lèvres. L'estafilade qu'il avait ouverte au niveau de sa pommette ne s'était pas refermée et un filet sanglant s'écoulait de celle-ci, semblable au sillon d'une larme écarlate."Ce serait si stupide de t'ôter la vie."Il passa le bout de la langue sur la fine blessure et releva les yeux, plongeant son regard amarante dans l'obscurité, sondant la nuit de ses prunelles étincelantes. Défaisant doucement le haut du vêtement de la jeune femme, il découvrit peu à peu le côté droit de sa poitrine, où il traça du bout de son ongle une griffure imaginaire.

"Réveille-toi, princesse, il faut que tu sois consciente pour goûter au supplice."

Il rajusta l'habit de l'elfe sans avoir violé son intimité, avec des gestes infiniment doux. La prenant au sein de ses fins bras, il la souleva de terre pour la serrer contre son torse cadavérique le temps de l'adosser contre le tronc d'un arbre à la lisière de la prairie. S'asseyant à ses côtés, il nicha son visage dans le creux de son cou, respirant le parfum envoûtant qui se dégageait de la créature.Pourquoi ne la tuait-il pas ?
Il savait qu'elle n'était pas une personne ordinaire, au vu de l'aisance avec laquelle elle s'était relevée, quelques minutes auparavant.
Qu'il n'aurait jamais dû se laisser désarmer ainsi.Qu'il prenait des risques en ne l'achevant pas à l'instant même.Mais il s'en fichait éperdument. Il voulait voir la souffrance déformer ses si jolis traits, crisper son harmonieux visage... Et profiter encore un peu de sa présence transcendante.

*Quelques instants, seulement. De courtes minutes. Pas plus. Ensuite, place à la souffrance*

Il mourait d'envie de goûter à nouveau à son sang. Mais s'il voulait qu'elle se réveille, il ne pouvait lui en voler davantage. Écoutant les battements réguliers de son coeur, il savait que si celui-ci perdait en assurance, il aurait la possibilité d'user de son pouvoir pour lui faire une transfusion... à sa façon. Un sourire mauvais se glissa sur ses lèvres dissimulées dans la chevelure bleue.
Tu ne seras jamais satisfait.
Il fallait que quelqu'un souffre.
Jamais
.Quelqu'un d'autre que Slym Darken.

Une voix lointaine résonnant, dernier fragment de réalité avant de sombrer complètement dans les ténèbres étouffantes de l’inconscience. Elle n’avait aucunement ressenti ce qui se passait autour d’elle, ce qui lui arrivait… Elle ne pensait plus, n’était plus. C’était une mort qui n’en était pas une. Après un moment, quelques minutes à peine, elle était revenue à elle. Elle avait entrouvert un œil, réalisant qu’elle n’était plus exactement au même endroit. Elle l’avait refermé aussitôt… Elle sentait la surface rugueuse de l’écorce d’un arbre contre son dos, l’air frais de la nuit sur sa peau et le souffle du vampire sur sa gorge. Il ne buvait pas, il était seulement là, son visage près du sien, trop près…

L’elfe restait calme… Son cœur n’avait toujours pas accéléré son rythme. Si cela arrivait, il saurait. Elle devait penser à un plan, elle devait trouver un moyen de s’en sortir avant qu’il ne sache qu’elle avait repris conscience. C’était sans doute tout ce qu’il attendait… Il était comme tous les autres, comme tous ces démons et vampires sanguinaires… Il voulait qu’elle souffre, qu’elle réalise que sa vie la quittait un peu plus à chaque goutte de sang. Ils ne vivaient que pour ça… Et son souffle… Il était insupportable! Mais elle devait tenir encore un peu plus longtemps, elle devait attendre que son pouvoir fasse effet, au moins juste un petit peu… Elle ne devrait plus sombrer, sinon ce serait la fin.

Kuro arrivait à sentir son odeur, sa froideur, son souffle… Encore et encore, son souffle… Pourquoi était-il aussi près d’elle? C’était loin de lui faciliter la tâche. Tout son être lui hurlait de le repousser, de l’éloigner, de fuir… et elle, elle devait rester là, immobile, feignant l’inconscience. C’était intolérable… Mais elle ne devait pas agir sur l’impulsion du moment, elle devait réfléchir… C’est alors qu’une idée lui vint en tête. Si elle se concentrait un peu alors…

Une silhouette descendait du ciel, être ailé et imposant. Épée en main, il s’était posé tout près, avançant lentement vers le vampire et sa proie. Il se faisait menaçant et dans son regard, on pouvait voir qu’il comptait se battre jusqu’à la mort de son adversaire. C’était un bel homme au corps musclé, visiblement très puissant, la colère et la haine brillant dans son regard de braise. Il était arrivé, comme ça, comme si l’elfe l’avait appelé à son secours, preux chevalier à la rescousse de sa belle princesse.

La jeune fille avait soudainement ouvert les yeux et l’avait regardé, soulagée de voir qu’elle n’était plus seule, qu’il était bel et bien là… Elle s’en sortirait. Le vampire n'aurait aucune chance...

"Hamael! Fais attention!"

L’homme, ne fixant que le vampire, lui avait adressé un signe de tête pour lui montrer qu’il ne comptait pas la laisser là…

Un ange. Un ange venait d'apparaître dans quelques puissants battements d'ailes, le visage crispé d'hostilité, le regard chargé de haine. Le monde haïssait Slym. Il le leur rendait bien.
Le vampire ne bougea pas, se contentant de lever les yeux vers l'apparition, sans dénicher sa tête du cou de la jeune femme. Son odeur l'enivrait autant qu'elle le faisait enrager. Il désirait encore son sang.

"Hamael! Fais attention!"
"Oui, Hamael, fais attention."

Les mots avaient fusé des lèvres du vampire avec un calme glacial, froid et posé, teinté d'une infime pointe de menace. Slym n'avait pas l'habitude de parler sans raison. Il était surprenant qu'il ait ouvert la bouche, mais sans doute était-ce du au fait que l'ange n'eût pas ouvert la bouche, chose plutôt rare. D'habitude les gens aimaient parler à tort et à travers. Lancer un flot de menace stupide d'exagération, pitoyable d'hyperbolicité. Cela était bien plus risible qu'impressionnant. Navrant ; tout simplement navrant : ils perdaient presque à tous les coups. Un ennemi représentant une réelle menace ne passait pas son temps à afficher sa force. Il agissait, parlait ensuite.

Slym s'était coulé à l'écart de la jeune femme alors que celle-ci avait crié une mise en garde pour le personnage qu'elle semblait connaître. A un mètre à sa gauche, elle ne semblait pas représenter une menace. Il garda cependant une partie de son attention fixée sur elle, centrant le reste sur la créature qu'il allait devoir affronter. Slym n'avait pas peur. Il ne craignait pas la défaite, et encore moins la mort. D'ailleurs, il se sentait bien. La sublime chaleur du sang coulait au travers des canaux de ses veines, dispensant une douce tiédeur en son intérieur, irradiant une latente sérénité.

L'être damné observait l'ange de son regard officiellement givré, officieusement calculateur. Il détaillait les muscles, l'attitude, le souffle du dénommé Hamael, buvant chaque information qu'il parvenait à glaner à partir de l'extérieur de la créature. Sa position décontractée n'en était pas une. Tout comme Slym, il était au seuil d'une garde parfaite, prêt à agir à la moindre nécessité. Il fallait que l'immortel aille à sa rencontre, cherche le contact pour évaluer sa force et sa rapidité. Un combat ne pouvait être mené à l'aveuglette. Pas contre une puissante créature.
Sans prévenir, le vampire bondit, tirant du fourreau sa longue lame noire qui fendit l'air, quasiment horizontale au sol. L'ange esquiva le coup, ne cherchant même pas à parer l'attaque, et lança à son tour une offensive que le vampire évita... trop simplement. Hamael n'avait même pas cherché à l'atteindre...
Et il se taisait. Slym aimait cela. Mais quelque chose sonnait faux dans les actions de l'ange... Il ne faisait qu'éviter. Non, pas parer, mais fuir. Le vampire n'était pas parvenu à ne serait-ce qu'effleurer cet étrange adversaire... Il jeta un coup d'oeil vers Kuro qui lui sembla se figer alors qu'il l'observait. Voulait-elle tenter quelque chose ? Mais en aurait-elle la force...?

Le vampire, agacé par l'étrange pusillanimité de l'ange décida d'agir autrement. Soudain, il ne fut plus. Et l'herbe sous ses pieds fut libérée du poids de son corps. Slym flottait juste au dessus du sol, se mêlant à la brise qui agitait les tiges. Et tout à coup, alors que l'ange se tournait, aveugle, mais sans paraître pourtant désorienté le moins du monde, la longue lame noire s'enfonça au travers du cœur de la créature... qui n'avait aucune consistance propre... Pour l'une des rare fois de sa longue existence, l'immortel fut totalement pris au dépourvu. Pas une seconde l'idée que l'ange fut une illusion ne lui avait effleuré l'esprit... Stupide imprévisibilité. Slym avait basculé en arrière sous le poids du vide, et s'était rattrapé de justesse avant de s'étaler de tout son long. Il était redevenu visible et se tenait sur un genoux, les paumes à terre ; son épée gisait à dix centimètre de sa main droite. Pourtant, malgré sa chute au travers de la projection inconsistante qu'il avait instantanément jugé (et espéré...) inoffensive, le vampire ne lâcha pas Kuro des yeux. Yeux qui s'écarquillèrent soudain.

Le vampire se redressa vivement, ne prenant pas le temps de rafler son épée au passage.
Il fallait qu'il agisse.
Qu'il répare son inattention. Son trouble.
Il aurait dû la tuer dès l'instant où il avait gouté à son candide sang.
Trop tard.. ?

Un poignard de sang fusa en direction de l'elfe.

(Gomenasai! Avec les exams, j'ai eu du mal à trouver le temps de répondre.)

Au début, tout se passa pour le mieux. Pendant qu’elle reprenait des forces et qu’elle réfléchissait à la meilleure façon de s’en sortir, Hamael occupait le vampire, l’obligeant à s’épuiser. Tout fonctionnait comme prévu, et l’espoir avait refait surface, brillant dans son regard aussi vivement que sa détermination. Kuro ne devait cependant par perdre sa concentration, sinon tout serait terminé… Une seule seconde d’inattention, et son plan A tomberait à l’eau. Hamael esquivait les coups, n’essayait pas de les rendre… C’était plutôt étrange. Du moins, cela l’était pour son adversaire. Il ne pouvait pas comprendre qu’il était en train de se faire avoir…

Ce petit jeu dura encore un moment, ce qui sembla énerver le buveur de sang au plus haut point. Après avoir jeté un coup d’œil vers Kuro, il avait disparu… Son poids sur l’herbe n’était plus visible. Il n’y avait que deux possibilités. Il possédait le pouvoir de l’invisibilité et du vol, ou bien il arrivait à se téléporter. Dans les deux cas, la jeune fille était dans le pétrin… Maintenant, il lui était impossible de savoir où il frapperait! Bien que complètement confuse et inquiète, elle ne baissa pas les bras. Rapidement, elle le chercha du regard, désespérée. C’est alors qu’il réapparut au sol… Les yeux du prédateur posé sur elle, elle y lut qu’il avait deviné, qu’il savait… Et l’illusion s’évanouie. Hamael ne fut plus.

Le vampire s’était rapidement redressé, lui lançant aussitôt un poignard. Il était visiblement bien décidé à l’achever. L’elfe avait dû réagir rapidement. Maintenant debout, elle avait saisit sa dague pour faire dévier l’arme qui fonçait vers elle. Déjà, elle se sentait mieux… Le répit que lui avait accordé sa diversion lui avait été bénéfique. Mais encore là, avec tout ce sang en moins, elle aurait beaucoup de mal à combattre. Il ne lui restait que trois choix… mais elle n’avait que peu de temps pour choisir. Tout d’abord, elle pouvait abandonner et espérer que quelque chose la sauverait, mais ça, c’était lâche… Elle n’était pas comme ça. Ensuite, la jeune fille pouvait rester ici, et combattre, mais ça, c’était un peu trop téméraire… Elle ne devait pas surestimer ses capacités et sous-estimées celles de son adversaires. Il n’était peut-être pas des plus puissants, mais dans l’état dans lequel elle se trouvait… Finalement, elle pouvait tenter de fuir en créant un passage inter-monde. C’était sans doute la solution la plus sage, même si elle ne lui plaisait guère. Elle aurait bien aimer empêcher cette créature diabolique de nuire, mais elle en serait incapable… À quoi bon mourir pour ça? Elle avait encore tant de choses à faire…

"Amusantes ces illusions, n’est-ce pas?"

Un léger sourire s’était glissé sur les lèvres de Kuro. De nouveau, une idée avait surgit dans son esprit et elle comptait bien la mettre en œuvre.

"Et si on essayait un nouveau jeu? Pourquoi pas… cache-cache?"

Soudain, des arbres se mirent à pousser à une vitesse incroyable, séparant l’elfe du vampire. Bientôt, ils devinrent immenses. Bien évidemment, ces derniers n’étaient qu’illusion, mais c’était suffisant pour lui donner le temps de s’éclipser… Il aurait du mal à la trouver malgré tout… Il fallait seulement qu’elle tienne bon assez longtemps car, elle devait l’admettre, en ce moment, il lui était difficile de maintenir de telles illusions en place. Maintenant, plusieurs répliques de l’elfe se mirent à parcourir cette fausse forêt. Après un moment de fuite assez pénible, et après avoir récupérée son épée, elle avait créé un passage inter-monde et s’y était engouffré, les illusions s’évanouissant au moment où elle se retournait pour jeter un dernier regard au buveur de sang. Ensuite, elle avait tout simplement disparu, fuyant vers un autre monde…

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